Le logement social s'invite dans la campagne des élections municipales

La Fondation pour le Logement est engagée depuis 32 ans à La Réunion. Elle publie chaque année un éclairage régional pour rendre compte de la situation et formuler des propositions concrètes pour améliorer l'accès et le maintien en logement des ménages les plus précaires.
Depuis plusieurs semaines, certains élus s’attaquent à la question des attributions du logement social. Ces dernières relèvent de la Commission d'attribution de chaque bailleur, dans laquelle les villes siègent, avec l'État et les bailleurs sociaux. Dans cet espace de décision collective, les maires ont pleinement la possibilité de faire valoir leur avis, d'autant plus qu'en cas d'égalité des voix, la leur est prépondérante.
Certains maires sont aussi présidents d'organismes de logement social et assument à ce titre des responsabilités directes dans la production, l'attribution, la gestion et l'entretien des logements sociaux.
83% des attributions aux ménages originaires de la commune ou du bassin de vie
Au cours de l'année 2024, à La Réunion :
- 67% des ménages attributaires d'un logement social sont des résidents de la commune ;
- 16% des résidents du bassin de vie (EPCI) ;
- 13% viennent d'autres communes, pour des raisons professionnelles et/ou familiales ;
- Et 4% viennent d'autres départements.
De fait, dans la législation actuelle les communes occupent un rôle important en matière d'attributions. Aller plus loin, comme le réclament certains maires, reviendrait à leur accorder de véritables passe-droits au détriment de la transparence des attributions et de l’égalité des demandeurs.
Alors même que les obligations légales pour reloger les ménages prioritaires ne sont pas suffisamment respectées : en 2023 et 2024, moins de 50 % des ménages prioritaires ont bénéficié d'une attribution. En 2024, seuls 535 ménages prioritaires au titre du Droit au logement opposable (DALO) ont pu être relogés : cela représente seulement 8 % des attributions.
Produire plus de logements sociaux grâce à la loi SRU
11 communes réunionnaises restent déficitaires au regard du dispositif SRU sur 24 communes concernées par le dispositif SRU grâce auquel 6 131 logements sociaux ont néanmoins été produits entre 2020-2022.
Si certaines communes déficitaires n’ont pas été carencées par l’État au regard de leurs efforts en cours ou voient leurs objectifs réajustés pour tenir compte de leurs difficultés, d’autres freinent la production de logements sociaux sur leur territoire. Si la loi SRU était pleinement appliquée, il y aurait 14 000 logements sociaux supplémentaires sur l'Île.
Deux études de la Fondation montrent pourtant que c'est avant tout la volonté politique qui est déterminante dans l’atteinte des objectifs SRU et que les outils existent pour aider les communes à dépasser leurs contraintes.
Il est plus que jamais nécessaire de se donner les moyens collectivement de produire des logements adaptés aux besoins (typologie, localisation, niveau de loyer) des 50 000 demandeurs en attente d'un logement social.
"La crise du logement est majeure et nous impose d'agir directement sur les causes des problèmes plutôt que sur leurs conséquences. Il faut sortir des logiques de stigmatisation ou de mise en concurrence entre les personnes précaires. En appliquant pleinement la loi, il pourrait y avoir plus de logements sociaux dans chaque commune, et plus d'attributions pour toutes les personnes qui en ont besoin. Nous appelons l'État et les élus locaux à être à la hauteur de ces défis pour La Réunion." conclut Matthieu Hoarau, directeur régional de la Fondation pour le Logement.
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