Le 14 décembre 2024, le cyclone intense Chido s’est abattu sur Mayotte.
En quelques heures, l’île a été dévastée : plus de 36 000 logements endommagés, des infrastructures vitales détruites, un territoire entier plongé dans la sidération et le dénuement. Pourtant, Chido n’a pas causé la crise du logement à Mayotte ; il en fut le révélateur brutal. Le cyclone n’a fait que mettre à nu – aux yeux du pays tout entier – une réalité que les Mahorais vivent depuis des décennies : l’existence d’un territoire profondément vulnérabilisé par sa situation sociale, institutionnelle et politique.
Cette catastrophe naturelle intervient en effet dans un contexte déjà marqué par une accumulation de crises : crise de l’eau, épidémie de choléra, insécurité accrue, tensions migratoires, pauvreté endémique, systèmes scolaires et sanitaires saturés, infrastructures déficientes, inégalités des droits et restrictions administratives uniques en France.
L’île la plus jeune et la plus pauvre de France
À Mayotte, 60 % de la population a moins de 25 ans et 77 % de la population vit sous le seuil de pauvreté ; la population subit par ailleurs une pression démographique exceptionnelle et une politique migratoire dérogatoire dont les effets irriguent toutes les politiques publiques.
Les conditions de logement y sont sans commune mesure avec celles de l’Hexagone : habitat spontané majoritaire dans certaines communes, constructions fragiles, précarité énergétique, accès limité à l’eau potable, exposition extrême aux aléas naturels, urbanisation non planifiée, foncier saturé ou inexplorable. Ce contexte rendait – et rend toujours – la population particulièrement vulnérable à un cyclone majeur.
Le cyclone, en mettant à nu les fragilités accumulées, doit ouvrir la possibilité d’un changement profond : un basculement vers une politique de l’habitat qui ne soit plus guidée par l’obsession migratoire, mais par la dignité, la résilience et la créativité des de tous les habitants.
Reconnaître Mayotte non comme un problème, mais comme un laboratoire d’innovation sociale face aux défis climatiques et humains : c’est l’ambition qui sous-tend l’ensemble de ce rapport.