 
        Chers Amis,
Ce soir, les ménages en difficulté et menacés d’expulsion locatives vont enfin bénéficier d’un peu de répit avec la trêve hivernale qui débute ce 31 octobre, à minuit. Cinq mois de plus à l’abri, cinq mois sans l’angoisse de se retrouver à la rue, du jour au lendemain. Mais, nous le savons tous, cette trêve n’est pas une solution dans la durée. Elle évite que la vie de familles entières ne bascule en plein hiver mais constitue un répit de courte durée. En 2024, 24 556 ménages ont été expulsés de leur logement avec le concours de la force publique, soit une hausse de 29 % en un an. Mais en réalité deux à trois fois plus de ménages sont concernés dans la mesure où beaucoup quittent leur logement avant l’intervention des forces de l’ordre.
Brutales, inhumaines car bien souvent réalisées sans solution alternative de logement ou même d’hébergement, les expulsions locatives font chaque année plus de victimes et fragilisent encore un peu plus celles et ceux qui ont déjà le plus grand mal à joindre les deux bouts. Cette dérive trouve son point d’orgue dans la loi dite « Kasbarian-Bergé », qui a profondément fragilisé les locataires en difficulté. Depuis 2023, les délais de procédure sont raccourcis, les pouvoirs du juge restreints, les conditions d’accès aux délais de paiement durcies, les recours à la force publique accrus… Derrière ces réalités juridiques et administratives, combien de parcours de vie brisés ?
En ce début de trêve hivernale, la Fondation tire la sonnette d’alarme sur cette loi qui conduit à des régressions majeures sur le plan social et qui témoigne d’un basculement inquiétant : celui d’un État qui, de plus en plus, renonce à accompagner les ménages en difficulté au profit d’une accélération des expulsions. Un tel renoncement est d’autant moins acceptable que nous savons qu’il est possible de mieux prévenir les expulsions tout en veillant à maintenir l’équilibre entre locataires et propriétaires. D’où l’importance de mettre à profit la trêve des expulsions pour aller à la rencontre des ménages en difficulté, les accompagner, les aider à faire valoir leurs droits, à trouver des solutions alternatives à l’expulsion tout en dédommageant les propriétaires…
Notre République qui défend les valeurs d’égalité et de fraternité et qui a fait du logement un droit fondamental s’honorerait vraiment à renforcer la prévention des expulsions et à soutenir les personnes fragilisées dans leur accès et leur maintien dans le logement. Car rappelons-le ici, le logement est un besoin vital. Pour nous toutes et tous.
 
     
     
     
     
     
    