À voix Hôte !

30.12.2025
6 min
Pendant près de 2 ans, des hôtes et des habitants de Pensions de famille ont participé au travail d’enquête de deux sociologues et d’une photographe sur le métier d’hôte.

Partir à la découverte du métier d’hôte qu’elles ne connaissaient pas, pour aboutir à un document illustré de 140 pages… tel était le défi que la Fondation a demandé à Fanchon Bilbille, Anne-Claude Hinault et Florence Osty de relever. En croisant leurs approchessociologique et photographique respectives, elles ont mis leur expérience professionnelle au service du métier d’hôte en s’immergeant notamment dans le quotidien de 4 Pensions de famille, pendant une semaine complète.

« Recueillir les points de vue, les expériences, les singularités des lieux de vie ; approcher chacune et chacun et mener ce travail d’enquête à l’aide de la sociologie visuelle m’a beaucoup appris, notamment sur l’importance de l’implication dans la relation à l’autre au long cours, c’est véritablement un métier singulier qui tente de réinventer le travail social chaque jour, avec chaque habitant », précise Anne-Claude. 

« La photographie a été révélatrice de certaines dimensions du métier : en se regardant soi-même, on libère la parole sur des aspects supplémentaires du travail quotidien », ajouteFanchon que l’on avait avertie : il faudrait réussir « à photographier l’invisible »… « J’ai découvert de nombreux points communs avec les habitants, comme la vulnérabilité et l’isolement que l’on peut ressentir aussi nous-mêmes. La chance de découvrir de tels lieux oùl’écoute, les projets, les activités, ponctuent la vie quotidienne. J’ai été très frappée par l’adaptation constante des hôtes aux besoins et aux demandes des habitants. »


Le lien et le lieu qui soignent dans le temps long

La spécificité du réseau des Pensions de famille de la Fondation pour le Logement réside dans l’articulation entre logement individuel et vie collective dans le lieu de vie et à l’extérieur, sans limitation dans le temps, afin d’aider les habitants à se reconstruire. Cette démarche s’est construite depuis plus de 20 ans et continue de s’enrichir, au fil des échanges et des outils mis à disposition des hôtes, dont le cahier-repère fait désormais partie. 

Plusieurs temps forts ont jalonné le travail des 3 professionnelles : immersion au sein des Pensions, comités de pilotage avec des habitants, des « hôtes pionniers » et des hôtes plus récemment intégrés au réseau… toutes 3 partagent le même constat : « Être humain et au service de l’humain, c’est bien ce que les hôtes incarnent.» Au fil des jours et des mois, le trio a véritablement « gouté à toutes les émotions ». Comme dans la vie d’une vraie famille.

« À voix hôte », un cahierrepère actualisé pour toutes et tous

Vanessa Marzeliere était hôte à la Pension de famille « Les Grenardières », au Cellier (44), depuis quelques mois, quand Fanchon et Anne-Claude sont venues en immersion. « Cette expérience m’a beaucoup appris sur mon métier. La réflexion collective autour du travail sur le cahier-repère m’a enrichie et pas seulement moi, tous les habitants car ils se sont exprimés sur notre métier, sur la façon dont ils nous voient travailler en binôme ou individuellement avec eux… ils n’ont pas souvent l’occasion de s’exprimer là-dessus et c’était étonnant de faire ce travail ensemble », précise Vanessa, qui accompagne aujourd’hui onze habitants installés dans cette Pension de famille en pleine nature. « Ce cahier-repère me permet de continuer à réfléchir sur mon métier, sur ma relation avec l’habitant qui peut parfois aller jusqu’à la fin de vie. Ce n’est pas rien de se retrouver seule interlocutrice dans les derniers moments vécus par un habitant avec lequel on est lié, forcément. C’était important d’actualiser ce cahier dont la version précédente datait de plus de dix ans… Ce qui est étonnant, lorsque l’on parle entre nous, les hôtes, dans les groupes d’analyse de pratique, c’est que l’on se rend compte que nous sommes toutes et tous en lien avec l’humain et que par conséquent, aucun de nous ne fait le même métier… et en même temps, on partage beaucoup de choses ! Je trouve formidable que le travail d’enquête ait été complété par des photos : elles illustrent parfaitement notre quotidien et parlent d’elles-mêmes ; elles mettent vraiment en valeur l’accompagnement, même si toutes les facettes de notre travail ne peuvent pas être photographiées. Les habitants ont particulièrement été marqués par ce travail et ces belles rencontres créées avec l’immersion. Je pense que c’est un outil de mise en accord et de vigilance pour nous tous qui animons les Pensions de famille. Et pour moi, c’est une bible ! »

Dans le Sud-Isère, Caroline Decool, cheffe de service à « L’oiseau bleu »,  gère 3 Pensions de famille. À ce poste depuis avril 2019, elle ne connaissait pas du tout le métier d’hôte. « C’est un métier de funambule, il faut être un vrai « couteau suisse » au quotidien, jongler entre l’individuel et le collectif ; le cahier-repère qui vient de paraître est d’une extrême richesse, il permet un véritable mise en lumière de ce métier qui mérite d’être connu et reconnu. Au-delà du partage à tous les acteurs de notre secteur, j’espère qu’il va pouvoir nous permettre d’interpeller les pouvoirs publics à tous les niveaux. » Caroline participera en janvier aux rencontres régionales autour du cahier-repère : « Tout ce que fait la Fondation, j’y participe sans hésiter ! Je suis toujours étonnée de voir comment elle arrive à faire aboutir des projets, à arriver à un résultat vraiment professionnel ! ».

En dévoilant le quotidien des Pensions de famille autour du rôle pivot de l’hôte, cet ouvrage donne à voir la part lumineuse et la face cachée de ces lieux de vie uniques. À ce titre, « À voix Hôte » est également un véritable outil de plaidoyer pour la Fondation qui soutient financièrement le développement et le fonctionnement des Pensions de famille depuis 25 ans

Cahier-repères : zoom sur le métier d'hôte de pension de famille
Cahier-repères : zoom sur le métier d’hôte de pension de famille