
A l’occasion du lancement de la 10e édition de l’éclairage sur le mal-logement en Europe, la Fondation pour le Logement des Défavorisés (anciennement Fondation Abbé Pierre) et la FEANTSA alertent sur l’ampleur de la crise du logement en Europe. Alors que la Commission Européenne s’apprête à présenter son Plan pour le logement abordable, nos organisations, au terme d’une enquête dans de nombreux pays européens, soulignent les dangers liés au glissement du « logement social » vers le « logement abordable » dépendant des marchés financiers. Derrière cette expression séduisante se cache le risque d’exclure encore davantage les ménages les plus modestes, déjà durement frappés par l’explosion des loyers et des prix immobiliers.
Une crise du logement qui touche les ménages modestes
Selon Eurostat, en 2024, les ménages européens vivant sous le seuil de pauvreté consacraient 37 % de leurs revenus au logement, contre 19 % pour l’ensemble des ménages.
La même année, 29 % des ménages de l’Union européenne déclaraient rencontrer des difficultés à « joindre les deux bouts », contre 22 % en 2023, soit une augmentation de 32 %.
Les résultats du dernier Eurobaromètre (janvier–février 2025) confirment l’ampleur du problème dans l’esprit des Européens : 61 % des personnes interrogées dans l’UE déclarent être préoccupées à l’idée de ne plus pouvoir payer leur loyer ou leur emprunt immobilier — une inquiétude jugée « forte » par plus d’un quart d’entre elles (27 %).
Des expériences nationales qui doivent alerter
En France : 2,8 millions de demandes de logements sociaux sont en attente. Pourtant, la part de logements très sociaux (PLAI) diminue, tandis que se développent les logements intermédiaires (LLI). Selon un rapport de l’Autorité nationale de contrôle du logement social (Ancols) de 2020, près de 90 % des demandeurs de logement sont trop pauvres pour postuler à un logement intermédiaire.
A titre d’exemple, au Royaume-Uni, depuis 2011, les loyers dits « abordables » sont fixés à 80 % du loyer de marché – soit 60 % plus chers que les loyers sociaux traditionnels à Londres. Soumises aux marchés financiers, les associations de logement, qui gèrent 45% du parc social, y logent de moins en moins les ménages les plus pauvres.
Même tendance inquiétante à Milan où, entre 2010 et 2023, près de 70 % des nouveaux logements « sociaux » construits étaient en réalité destinés à la vente ou proposés à des loyers inaccessibles aux plus pauvres.
Pour une politique du logement ambitieuse qui ne laisse personne de côté
Le 10 septembre dernier, la Présidente Von der Leyen a très justement qualifié la crise du logement qui traverse le continent, de « crise sociale ». Pourtant, jusqu’à présent, aucune mesure annoncée n’a encore permis de garantir un accès à un logement digne aux ménages les plus pauvres.
La Fondation pour le Logement et la FEANTSA demandent à la Commission européenne d’élaborer un plan crédible, qui fera de la lutte contre le mal-logement une priorité, qui aidera à mettre en œuvre l’engagement collectif de mettre fin au sans-abrisme en Europe, donnant ainsi la possibilité à toutes et tous de se loger dignement.
Retrouvez ci-dessous, le 10e Regard sur le mal-logement en Europe qui fait également le point sur les évolutions de la lutte contre le sans-abrisme à l’échelle européenne.
