La Fondation pour le Logement des Défavorisés (anciennement Fondation Abbé Pierre) publie de nouveaux chiffres sur le mal-logement en Provence-Alpes-Côte d’Azur : l’année 2024 marque un tournant dans l’aggravation du mal-logement dans la région.
À l’échelle nationale, 350 000 personnes sont sans domicile, soit deux fois plus qu’en 2012. En région PACA, plus de 112 000 demandes d’hébergement via le 115 sont restées sans réponse, faute de place disponible. De surcroît et malgré une capacité d’accueil déjà insuffisante sur le territoire, le nombre de places d’hébergement a encore été diminué en 2024. La Fondation pour le Logement le constate au quotidien grâce à son équipe mobile d’accès aux droits, qui est en contact direct avec les personnes à la rue à Marseille.
« L’absence de réponse politique forte en matière de logement et d’hébergement conduit à des conséquences dramatiques. Plus de 50 personnes sont décédées à la rue dans notre région en 2024 : elles sont les premières victimes d’une politique du Logement d’abord insuffisamment dotée. Cette situation est intolérable ! » déplore Francis Vernède, directeur régional de la Fondation en région PACA.
La production de logements est très préoccupante : la région fait face à une chute vertigineuse de la construction avec une baisse de 24 % des logements mis en chantier entre 2022 et 2024. Le nombre de logements sociaux financés en 2024 franchit, quant à lui, tout juste le cap des 6 000, son niveau le plus faible depuis 2019.
En parallèle, la demande de logement social atteint des niveaux inédits : 241 000 ménages demandeurs fin 2024, contre 187 00 en 2019, soit une augmentation de près de 30 %.
Dans ce contexte, le droit au logement est de plus en plus malmené avec 19 000 recours DALO (Droit Au Logement Opposable) qui ont été déposés en 2024, un chiffre encore une fois en augmentation malgré un non-recours de plus en plus important.
Enfin, la protection des ménages modestes recule et les dispositifs de prévention demeurent insuffisants. La région compte plus de 875 000 personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Parmi elles, des centaines de milliers sont mal logées, contraintes d’accepter de vivre dans des taudis ou de suroccuper des logements trop petits. Par exemple, dans la Métropole Aix Marseille Provence, plus de 13 % des habitants sont en situation de suroccupation et dans la Métropole Nice Côte d’Azur, ils sont plus de 21 % à subir ces difficultés. Alors que des solutions existent, comme l’encadrement des loyers – qui permet aux ménages modestes de se maintenir ou d’accéder à des logements dignes et abordables – à ce jour, aucune commune de la région ne mobilise ce dispositif.
« À la veille des élections municipales, il y a urgence à défendre le droit au logement. Les droits sociaux sont trop souvent bafoués. Il est essentiel de faire des différents territoires des lieux d’accueil pour tous et de considérer la parole des personnes mal logées. » conclut Francis Vernède.
La Fondation pour le Logement appelle ainsi l’ensemble des acteurs publics à élargir les politiques du Logement d’abord, à faciliter l’accès au logement social pour les personnes les plus démunies, à mobiliser le bâti existant et enfin, à réguler le marché.