
Jamais le taux de pauvreté n’a été aussi haut dans notre pays et les inégalités aussi fortes. Le 7 juillet dernier, l’Insee publiait en effet ses données pour l’année 2023, soulignant qu’avec 15,4 % de pauvreté, le taux atteignait un record jamais atteint depuis le début de la statistique, il y a 30 ans. Aujourd’hui, parmi nous, 9,8 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté fixé à 1 288 euros par mois.
Même chose pour les inégalités de plus en plus marquées, avec un écart historique : les 20 % les plus riches ayant eu des revenus 4,5 fois supérieurs aux 20 % les plus pauvres.
Parmi les plus touchés, les familles monoparentales, avec un taux de pauvreté passant de 31,4 % à 34,3 %. Les enfants atteignant 21,9 % (+ 1,5 point).
Peut-on accepter que les plus fragiles d’entre nous soient ainsi abandonnés, faisant face à un avenir de plus en plus incertain, dans lequel les portes se ferment une à une ? Fin de l’indemnité inflation, fin de la prime exceptionnelle de rentrée, fin de la revalorisation anticipée des prestations sociales… ces mesures exceptionnelles prises en 2022 se sont arrêtées brutalement, alors que les aides au logement n’étaient revalorisées qu’en deçà de l’inflation et attribuées de surcroît à moins de personnes.
Comment faire trouver un logement digne et s’y maintenir ? Manger, se soigner avec moins de 1 300 euros mensuels ? Comment payer ses charges de plus en plus lourdes lorsque le logement est mal isolé et qu’on ne peut trouver mieux ? Au cours des 10 à 15 dernières années, les APL ont évolué deux fois moins vite que les loyers et trois fois moins vite que les charges. De plus en plus d’enfants dorment avec leurs parents dans la rue ; des travailleurs pauvres vivent dans leur voiture, les expulsions locatives ont atteint un chiffre record en 2024, sans parler de la saturation des hébergements d’urgence et de la difficulté des centres d’accueil de jour à répondre aux demandes toujours plus nombreuses ?
Dans ce contexte social où les plus pauvres ont de moins en moins la possibilité de s’en sortir, le Gouvernement parle d’économies budgétaires réalisées en réformant l’assurance-chômage et le gel des prestations sociales, plutôt qu’un effort de solidarité demandé aux plus riches, dont les revenus ont été 4,5 fois supérieurs aux 20 % les plus pauvres, en 2023.
Est-ce bien dans cette société-là que nous voulons vivre ? Une France coupée en deux, où l l’on compte toujours plus d’exclus ? Il est certain que notre Démocratie et chacun de nous avons tout à y perdre.