Le mal-logement dans les Hauts-de-France, un sursaut nécessaire pour enrayer une urgence sociale toujours plus alarmante

La Fondation pour le Logement des Défavorisés (ex-Fondation Abbé Pierre) publie son éclairage annuel sur l’état du mal-logement dans les Hauts-de-France : l’année 2024 marque un tournant dans l’aggravation du mal-logement dans la région.
À l’échelle nationale, on dénombre 350 000 personnes sans domicile, soit deux fois plus qu’en 2012. Dans les Hauts-de-France, plus de 3 000 personnes sollicitent, chaque mois, un hébergement d’urgence et sont laissées sans solution, faute de place disponible. Et parmi elles, on compte plus de 800 enfants. Malgré une capacité d’accueil déjà insuffisante sur le territoire, le nombre de places d’hébergement a encore été diminué en 2024. La Fondation pour le Logement le constate au quotidien au sein de son accueil de jour de Valenciennes, qui a vu le nombre de personnes accueillies augmenter de près de 50 % en deux ans.
« L’absence d’une réponse politique forte en matière de logement conduit à des conséquences dramatiques. 70 morts ont été recensés1 sur le territoire en 2023, faisant des Hauts-de-France la deuxième région la plus concernée après l’Île-de-France » déplore Isabelle Fourot, directrice régionale de la Fondation dans les Hauts-de-France.
A cet égard, les chiffres concernant la construction de logement sont préoccupants :
- La région fait face à une chute vertigineuse de la construction de logements avec une baisse de 24 % des logements mis en chantier entre 2022 et 2024.
- Le nombre de logements sociaux financés en 2024 franchit, quant à lui, tout juste le cap des 7 000, son niveau le plus faible depuis de nombreuses années.
- En parallèle, la demande de logement social atteint des niveaux inédits : 237 000 ménages demandeurs fin 2024, soit 30 % de plus qu’en 2019.
- Dans ce contexte, le droit au logement est de plus en plus malmené : 5 500 recours DALO (droit au logement opposable) ont été déposés en 2024. C’est deux fois plus qu’il y a cinq ans.
L’ampleur de la crise du logement actuelle précarise également les personnes déjà logées : près de 17 % des ménages des Hauts-de-France souffrent de précarité énergétique. Le nombre élevé de logements énergivores et l’inflation de l’énergie accroissent les difficultés des personnes à payer leurs factures et à se chauffer.
Enfin, la protection des ménages modestes recule et les dispositifs de prévention demeurent insuffisants, confirmant la tendance à une criminalisation de la pauvreté :
- Suite aux restrictions successives des aides au logement, le nombre de ménages qui en bénéficient a considérablement diminué (-85 000 en cinq ans).
- Le RSA conditionné, déjà expérimenté dans plusieurs territoires de la région, prévoit des sanctions qui aggravent la pauvreté plutôt que de la combattre.
- Le nombre d’expulsions avec le concours des forces de police a augmenté de 25 % dans la région en un an, souvent sans proposition de relogement pour les personnes expulsées.
- 820 expulsions de lieux de vie informels ont été recensées en 2024 sur le Littoral Nord et 32 rien que dans la métropole lilloise, réduisant ainsi la politique de résorption de ces lieux de vie à une succession d’expulsions, aggravant un peu plus les conditions de vie de leurs habitants.
« A la veille d’une nouvelle campagne municipale, il y a urgence à défendre le droit au logement et les droits sociaux, trop souvent bafoués. Il est essentiel de faire des différents territoires des lieux d’accueil pour tous et de mieux écouter la parole des personnes mal logées. » conclut Isabelle Fourot.
La Fondation pour le Logement appelle ainsi l’ensemble des acteurs publics à élargir les politiques du Logement d'abord, à faciliter l’accès au logement social pour les personnes les plus démunies, à mobiliser le bâti existant et enfin à réguler le marché.
1 D’après le Collectif Les morts de la rue
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