« Whisky » ou l’amitié et le parcours d’Amir et Théo, sans domicile fixe.

62 pages dédiées à la vie et à l’amitié de deux personnages qui vivent à la rue. Pourquoi ce thème ?

Je n’ai pour l’instant jamais eu le temps de faire des maraudes, d’accorder du temps aux personnes à la rue, et je ne me sentais pas la légitimité de parler d'elles de façon réaliste, ou documentaire, mais je les croise tous les jours dans nos rues, et ma préoccupation, le temps d'une histoire, était qu’on ne passe plus à côté d’eux sans les voir. Je voulais leur offrir un vrai rôle de fiction, essayer de les incarner, pour en faire des êtres humains avant tout, pas des cas sociaux, ni des gens à part. Montrer qu’ils ont les mêmes préoccupations et désirs que nous, et faire en sorte que le lecteur puisse s'identifier à eux.

Il ne s'agissait pas d'en faire un discours politique : c'est une population qui est bien assez instrumentalisée comme ça. Mais si le lecteur, quel que soit son âge, se dit en lisant l'album, « ces personnes sont comme moi », ce sera déjà ça…  

Amir et Théo, le premier a fui un pays en guerre où il a vu et vécu l'enfer, le second est un vieux grincheux qui n'a quasiment connu que la rue…

Je collabore avec Grand Angle depuis 2015 et c’est la première fois que je travaille comme scénariste pour un autre dessinateur. Je voulais m'attaquer à une amitié masculine, décrire une relation « maître à élève », déséquilibrée, voire toxique. David, le dessinateur, a fait un travail remarquable pour donner vie à ce que j’ai écrit.

Pourquoi « Whisky » et y aura-t-il une suite ?

Théo est un bon vivant, s’il n’était pas à la rue, c’est certain qu’il aimerait la bonne chère ! Ce titre fait également référence à un auteur américain que j’aime beaucoup, Edouard Abbey, dont l’un des personnages principaux, marginal, comme Théo, nomme son cheval « Whisky ». Je ne pense pas qu’il y aura une suite à cette histoire, tout est dit dans l’album… mais je ne me l’interdis pas !